Entreprise inclusive

Diagnostiqué dyslexique et dysorthographique à 11 ans, Jules prépare aujourd’hui un titre professionnel Manager d’Unité Marchande en alternance au sein du SUPER-U de Treillières en Loire-Atlantique. Un parcours professionnel débuté il y a près de 7 ans dans cette même entreprise.

Son handicap, Jules en a pris conscience à 11 ans… un peu brutalement. « En primaire, on m’a forcé à intégrer une classe ULIS sans me demander mon avis », se souvient le jeune homme aujourd’hui âgé de 20 ans. Une classe ULIS, c’est une Unité Localisée d’Inclusion Scolaire qui accueille des enfants en situation de handicap.

Jules en garde des souvenirs mitigés. « Sur le plan scolaire je n’ai pas appris grand-chose. En revanche, sur le plan professionnel c’est tout le contraire ! En fin de 5ème, l’établissement nous a demandé de travailler sur notre orientation professionnelle et de réaliser des stages en entreprise », explique Jules.

Découverte professionnelle

C’est là qu’il croise la route de Gilles et Sandrine PRODHOMME, les gérants du SUPER-U de Treillières, une petite commune située au nord de Nantes. « Auparavant j’avais fait des stages en restauration, dans le domaine commercial, dans une start-up informatique du secteur de l’agro-alimentaire. Et puis est arrivé le SUPER-U. » Jules ne cache pas que du haut de ses 13 ans et demi, il avait plutôt une image dégradée des métiers du commerce. « Le premier jour de stage, je suis arrivé à 6h du matin. Et j’ai tout de suite adoré l’ambiance, se souvient-il. Le travail est difficile c’est vrai, mais il vous forge le caractère ! ».

« Nous avons proposé à Jules de tourner sur différents rayons pour qu’il découvre l’univers de la grande distribution et qu’il voit s’il avait plus d’affinité pour un type de rayon ou un autre », se rappelle Gilles PRODHOMME, le dirigeant du SUPER-U. Bazar, frais, épicerie… le bilan de cette première expérience dans le commerce est très encourageant pour le jeune homme. « Ils m’ont trouvé débrouillard, compétent, mature et autonome. Je manquais encore d’initiative à cet âge-là, mais cette expérience a été concluante pour moi ».

Futur employé

Jules poursuit alors son chemin en préparant un CAP employé de commerce multi-spécialité, en alternance dans le magasin de Treillières. « Cette période a été plus difficile. A l’école, j’arrivais dans un nouvel établissement et je devais me refaire des amis. Au travail, je n’étais plus attendu comme stagiaire, mais comme futur employé ».

Au rayon Bazar, Jules découvre la « vraie » vie de l’entreprise. « Le manager du rayon qui m’a accueilli est très vite parti. A cette époque je ne comprenais pas pourquoi il avait été remplacé. C’était déstabilisant. Surtout, le nouveau manager n’avait pas la même vision du travail que le précédent et ne laissait pas passer grand-chose », raconte le jeune homme.

A l’époque, il travaille aussi bien dans l’entrepôt pour rentrer des palettes de produits qu’en rayon pour leur mise en place. Jules serre les dents et s’accroche. D’autant plus qu’il prépare son CAP en pleine pandémie. Malgré tout, il décroche son diplôme et enchaîne toujours en alternance avec un titre professionnel VCM pour « vendeur conseil en magasin » (niveau BAC) et aujourd’hui un titre professionnel MUM pour « manager d’Unité marchande » (niveau BTS).

« C’est un garçon très motivé. Son handicap n’a jamais été un frein. On sait qu’il faut lui laisser plus de temps pour assimiler certaines tâches. Mais ça fonctionne très bien. Ce qui nous importe, c’est que le jeune soit sérieux aussi bien à l’école qu’en entreprise », souligne Gilles PRODHOMME qui emploie aujourd’hui 4 salariés en situation de handicap dans son magasin.

Pour que tout se passe bien, le gérant conseille aussi de faire le point au moins deux fois par an avec l’école qui forme l’alternant et le manager qui le tutore. « C’est la meilleure façon de savoir si le jeune progresse sur le plan scolaire et professionnel », explique-t-il.

Promotion en vue

Et progresser, Jules n’a que cette idée en tête ! « Aujourd’hui, on est une super équipe au rayon bazar. La manager qui est arrivée a vu mon potentiel. Elle a rallumé la flamme de la confiance en moi. Aujourd’hui, je suis épanoui », se félicite l’alternant. « En ce moment, j’apprends la posture de manager et je cherche toujours à mettre en pratique sur le terrain ce que j’apprends à l’école ».

Une fois son titre professionnel en poche, Jules n’en n’aura pas fini avec la formation ! A la fin de son alternance, Gilles PRODHOMME prévoit déjà de lui faire suivre la formation destinée aux managers chez Force U, l’organisme de formation de la coopérative. « On mise beaucoup sur lui et on ne veut pas qu’il parte. Ce que l’on souhaite, c’est que Jules progresse encore et qu’il devienne l’adjoint du manager du rayon », dévoile le dirigeant.

L’aventure continue !