Étude

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Quelles nouvelles formes d’organisation du travail dans les entreprises du commerce ?

Le constat est sans appel. Deux tiers des entreprises du commerce peinent à attirer des candidats. Quant à la fidélisation des salariés, elles sont 37% à rencontrer des difficultés. « Après la crise sanitaire, les entreprises ont constaté que la relation au travail des salariés avait évolué, explique Dalia SIDORCENCO, chargée d’études pour l’Observatoire prospectif du commerce. Pour éclairer les entreprises dans leur stratégie de recrutement et de fidélisation, les partenaires sociaux de 13 branches professionnelles* de l’Opcommerce ont confié à la société S2H Consulting une étude sur les nouvelles formes d’organisation du travail. »

Idées reçues

L’étude commence par casser quelques idées reçues. « Les salariés français restent globalement engagés dans leur travail, pointe Sabeiha BOUCHAKOUR, directrice du pôle qualité de vie et conditions de travail (QVCT) du cabinet conseil. Ce sont les objets de l’engagement qui changent et que les entreprises vont devoir intégrer dans leur stratégie. Par exemple, les salariés sont en demande d’une plus grande autonomie, d’une plus forte horizontalité dans le management. Ils attendent aussi que l’employeur leur permette de mieux comprendre les tâches qu’ils doivent réaliser pour en percevoir la cohérence et le sens. »

Rythmes et flexibilité du travail

L’étude relève aussi qu’il n’existe pas de fracture générationnelle sur la QVCT (Qualité de vie et conditions de travail) dans le secteur, comme on peut parfois l’entendre dire. En revanche, dans le commerce, jeunes et moins jeunes salariés ont une sensibilité accrue au sujet de l’organisation du travail. 

« La question centrale est celle des rythmes et de la flexibilité du travail car les amplitudes horaires peuvent être importantes et le travail fractionné », souligne Pierre SOUCHON, directeur de projet chez S2H Consulting.

Management et formation

La qualité du management est également un enjeu important. Si les salariés veulent plus d’autonomie, ils attendent aussi de leurs managers qu’ils les soutiennent, les accompagnent dans leur quotidien.

L’étude pointe également un troisième défi, celui de la valorisation des compétences. « Les salariés expriment une forte attente de reconnaissance et de qualification, explique Bertrand MARTINOT, directeur du conseil en formation et développement des compétences du cabinet S2H Consulting. Derrière, l’enjeu pour les entreprises est de parvenir à désamorcer les craintes très présentes de déqualification en misant sur la formation. »

Planning participatif

A partir de ces constats enrichis d’entretiens menés auprès d’entreprises, de salariés, de partenaires sociaux des branches, l’étude propose plusieurs pistes d’action concrètes pour mettre en place de nouvelles formes d’organisation du travail.

Si quelques entreprises du secteur ont déployé la semaine de 4 jours pour les métiers supports, cette modalité très en vogue dans le débat public est loin de faire l’unanimité pour les autres métiers. Ce qui est plébiscité en revanche c’est l’absence de fractionnement dans les journées de travail.  

« Les entreprises peuvent aussi jouer sur les plannings en les rendant participatifs, c’est-à-dire coconstruits avec les salariés pour respecter au mieux leurs contraintes personnelles et familiales », ajoute Bertrand MARTINOT.

Contrat étudiant

Pour fidéliser leurs équipes, certaines entreprises ont aussi misé sur les contrats étudiants pour l’ouverture dominicale. Une façon de permettre aux salariés de ne pas systématiquement travailler le week-end et de juguler le turn-over.

Quant au télétravail, jugé majoritairement incompatible avec les contraintes des entreprises du secteur, il est souvent réservé aux managers pour leur permettre de mieux prendre en charge leurs tâches administratives.

Reste que cette modalité d’organisation du travail pose pour les entreprises des questions d’équité difficiles à résoudre.

   

*Bricolage, Commerces de détail non alimentaires (CDNA), Commerce de gros et de détail à prédominance alimentaire, Commerce succursaliste de l’habillement, Commerce succursaliste de la chaussure, Commerces et services de l’audiovisuel, de l’électronique et de l’électroménager, Commerce de détail alimentaire non spécialisé, Entreprises du bureau et du numérique (commerces et services), Commerce de détail de l’horlogerie-bijouterie, Import-export et commerce international, Métiers du commerce de détail alimentaire spécialisé, Négoce de l’ameublement, Professionnels de la photographie.

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